Une image naïve de la science la considère comme une entreprise hautement rationnelle, fondée sur des méthodes claires, éprouvées et aboutissant à des consensus inattaquables. En particulier, la science est censée être objective – elle viserait ainsi à éliminer les points de vue idiosyncratiques et à aplanir les différences d’opinion – et avant tout fondée sur les données empiriques.

Le cours vise à mettre en doute et discuter ces intuitions en mettant l’accent sur le rôle crucial que jouent les valeurs en science : valeurs méthodologiques (quantification, reproductibilité et robustesse des résultats…) ; valeurs théoriques (précision, cohérence, portée, fécondité et même beauté d’une théorie) ; et même valeurs ou vertus intellectuelles et morales (impartialité, ouverture d’esprit, honnêteté, désintéressement…). Nous nous pencherons sur les rôles parfois cruciaux que peuvent jouer toutes ces valeurs en science, afin d’identifier en quoi la bonne science n’est pas dénuée mais au contraire truffée de valeurs diverses, qui n’en menacent pas nécessairement l’objectivité. Nous nous concentrerons sur la question du choix théorique, du rôle qu’y jouent valeurs et vertus, des conséquences pour la possibilité de l’objectivité scientifique ainsi que pour la formation de consensus en science.

Le cours ne nécessite pas d’autres connaissances que celles acquises dans le cours de philosophie des sciences de première année (qui seront de toute façon rappelées). Il se fondera entre autres sur divers exemples historiques ainsi que sur un certain nombre de travaux contemporains ultérieurs à ceux évoqués en première année.